Je ne vous ai pas reconnus sous votre prison d’uniformes
couleur de tristesse
Je ne vous ai pas reconnus sous la calebasse du casque
sans panache
Je n’ai pas reconnu le hennissement chevrotant de
vos chevaux de fer, qui boivent mais ne mangent
pas.
Et ce n’est plus la noblesse des éléphants, c’est la lourd-
eur barbare des monstres des prétemps du monde.
Sous votre visage fermé, je ne vous ai pas reconnus.
J’ai touché seulement la chaleur de votre main brune,
je me suis nommé : « Afrika ! »
Et j’ai trouvé le rire perdu, j’ai salué la voix ancienne
et le grondement des cascades du Congo.
Frères, je sais si c’est vous qui avez bombardé les
cathédrales, orgueil de l’Europe
Si vous êtes la foudre dont la main de Dieu a brûlé
Sodome et Gomorrhe.
Non, vous êtes les messagers de sa merci, le souffle
du Printemps après l’Hiver.
À ceux qui avaient oublié le rire – ils ne se servaient
plus que d’un sourire oblique
Qui ne connaissaient plus que la saveur salée des
larmes et l’irritante odeur du sang
Vous apportez le printemps de la Paix et l’espoir au
bout de l’attente.
Et leur nuit se remplit d’une douceur de lait, les champs
bleus du ciel se couvrent de fleurs, le silence chante
suavement.
Vous leur apportez le soleil. L’air palpite de murmures
liquides et de pépiements cristallins et de batteme-
ments soyeux d’ailes
Les cités aériennes sont tièdes de nids.
Par les rues de joie ruisselante, les garçons jouent avec
leurs rêves
Les hommes dansent devant leurs machines et se sur-
prennent à chanter.
Les paupières des écolières sont pétales de roses, les
fruits mûrissent à la poitrine des vierges
Et les hanches des femmes – oh ! douceur – géné-
reusement s’alourdissent.
Frères noirs, guerriers dont la bouche est fleur qui
chante
Oh ! délice de vivre après l’Hiver – je vous salue
comme des messagers de paix.
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