Qui vit content de rien possède toute chose.
Mais, sans cesse ignorants de nos propres besoins,
Nous demandons au Ciel ce qu’il nous faut le moins.
« Oh ! que si cet hiver un rhume salutaire,
Guérissant de tous maux mon avare beau-père,
Pouvait, bien confessé, l’étendre en un cercueil,
Et remplir sa maison d’un agréable deuil,
Que mon âme, en ce jour de joie et d’opulence,
D’un superbe convoi plaindrait peu la dépense ! »
Disait, le mois passé, doux, honnête et soumis,
L’héritier affamé de ce riche commis
Qui, pour lui préparer cette riche journée,
Tourmenta quarante ans sa vie infortunée.
La mort vient de saisir le vieillard catarrheux :
Voilà mon gendre riche. En est-il plus heureux ?
Tout fier du faux éclat de sa fausse richesse,
Déjà, nouveau seigneur, il vante sa noblesse.
Quoique fils de meunier, encor blanc du moulin,
Il est prêt à fournir ses titres en vélin.
En mille vains projets à toute heure il s’égare ;
Le voilà fou, superbe, impertinent, bizarre,
Rêveur, sombre, inquiet, à soi-même ennuyeux.
Il vivrait plus content si, comme ses aïeux,
Dans un habit conforme à sa vraie origine,
Sur le mulet encore il chargeait sa farine.
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