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Musset Alfred (de)



Heureux le voyageur que sa ville chérie
Voit rentrer dans le port, aux premiers feux du jour ! 
Qui salue à la fois le ciel et la patrie, 
La vie et le bonheur, le soleil et l’amour !

  • Regardez, compagnons, un navire s’avance.


La mer, qui l’emporta, le rapporte en cadence, 
En écumant sous lui, comme un hardi coursier, 
Qui, tout en se cabrant, sent son vieux cavalier.
Salut ! qui que tu sois, toi dont la blanche voile
De ce large horizon accourt en palpitant
Heureux, quand tu reviens, si ton errante étoile
T’a fait aimer la rive ! heureux si l’on t’attend !
Comme le cœur bondit quand la terre natale,
Au moment du retour, commence à s’approcher,
Et du vaste océan sort avec son clocher !
Et quel tourment divin dans ce court intervalle,
Où l’on sent qu’elle arrive et qu’on va la toucher !
O patrie ! ô patrie ! ineffable mystère !
Mot sublime et terrible ! inconcevable amour !
L’homme n’est-il donc né que pour un coin de terre,
Pour y bâtir son nid et pour y vivre un jour.




Naissance: 1810
Décès: 1857


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